f Auprès de mon arbre


Auprès de mon arbre

1
J’ai plaqué mon chêne
Comme un saligaud,
Mon copain le chêne
Mon alter ego,
On était du même bois
Un peu rustique, un peu brut,
Dont on fait n’importe quoi
Sauf naturell’ment les flûtes…

J’ai maint’nant des frênes,
Des arbr’s de Judée,
Tous de bonne graine,
De haute futaie…
Mais toi tu manque’ à l’appel,
Ma vieill’ branche de campagne
Mon seul arbre de Noël,
Mon mât de cocagne !

Refrain

Auprès de mon arbre,
Je vivais heureux,
J’aurais jamais dû m’éloigner de mon arbre…
Auprès de mon arbre,
Je vivais heureux,
J’aurais jamais dû le quitter des yeux…

2
Je suis un pauv’ type,
J’aurai plus de joie :
J’ai jeté ma pipe,
Ma vieill’ pipe en bois,
Qui’ avait fumé sans s’ fâcher,
Sans jamais m’ brûler la lippe,
L’ tabac d’ la vache enragée
Dans sa bonn’ vieill’ têt’ de pipe…

 

J’ai des pip’s d’écume
Orné’s de fleurons,
De ces pip’s qu’on fume
En levant le front,
Mais j’ retrouv’rai plus, ma foi,
Dans mon coeur ni sur ma lippe,
Le goût d’ ma vieill’ pip’ en bois,
Sacré nom d’un’ pipe !

(au refrain)

3
Le surnom d’infâme
Me va comme un gant :
D’avecque ma femme
J’ai foutu le camp,
Parc’ que, depuis tant d’anné’s,
C’était pas un’ sinécure
De lui voir tout l’ temps le nez
Au milieu de la figure…

Je bats la campagne
Pour dénicher la
Nouvelle compagne
Valant celle-là,
Qui, bien sûr, laissait beaucoup
Trop de pierr’s dans les lentilles,
Mais se pendait à mon cou
Quand j’ perdais mes billes !

(au refrain)

4
J’avais un’ mansarde
Pour tout logement,
Avec des lézardes
Sur le firmament,
Je l’ savais par coeur depuis
Et, pour un baiser la course,
J’emmenais mes bell’s de nuit
Faire un tour sur la grande Ourse…

J’habit’ plus d’ mansarde,
Il peut désormais
Tomber des hall’bardes,
Je m’en bats l’oeil mais,
Mais si quelqu’un monte aux cieux
Moins que moi, j’y pai’ des prunes :
Y’ a cent sept ans, qui dit mieux,
Qu’ j’ai pas vu la lune !

(au refrain)